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LES SECRETS DU SUD-HOTEL - DE LA GUERRE DES TRANCHEES 1914/1918 A LA GUERRE DE LIBERATION 1954/1962.

        A Aïn-Sefra, le propriétaire du Sud Hôtel, M. Gaget était un correspondant du journal régional l’Echo d’Oran. Il cherchait à faire un papier pour son journal. Il discutait avec des locataires européens sur l’affaire d’un indigène ancien combattant de la première guerre mondiale qui avait impressionné le colonel de Seze par son récit fantastique lors d’une fouille dans sa maison.  Que s’est-il vraiment passé ?

                Le premier mai 1960, l’état-major des forces armées à Alger contacta le colonel de Seze pour lancer l’opération : « A L’ASSAUT DU DJEBEL M’ZI ».

               Dans cette bataille l’armée française a utilisée des bombes incendiaires, des bidons de napalm et des gaz de combat asphyxiants durant trois jours et trois nuits, sous les projecteurs et les fusées éclairantes qui illuminaient le ciel. Un déluge de feu tombait sur le majestueux M’zi. Ce fut une victoire de l’armée française mais l’occupant s’était rendu compte qu’il n’avait maintenant plus affaire à de simples fellaghas mais à des unités modernes, organisées et spécialisées dans la guérilla. Après la bataille, les moudjahidines avaient évacués les blessés graves vers l’hôpital d’Oujda au Maroc, ce qui avait attiré un flux de journalistes, de reporters européens et américains ainsi que des membres de la Croix-Rouge internationale qui dénonçaient l’horreur. Des photos étaient prises et exposées à Rabat, au Caire, à Genève, à Madrid, à Londres, à Rome, à New York et dans d’autres capitales des pays qui avaient soutenu l’Algérie dans sa lutte de libération.

               Une grande victoire du FLN sur le plan politique était inscrite au niveau des Nations Unies. Le monde assistait au déclin du colonialisme et voyait poindre à l’horizon l’indépendance de l’Algérie.  

            Pour venger leurs morts et l’affront international, la répression qui s’ensuivit fut impitoyable, sur une population sans défense. Sous une chaleur intenable, des musulmans étaient regroupés comme des animaux dans la fameuse chambre, la 3/44, pour le tri des suspects. Au lever du jour, ils étaient embarqués vers le camp de la mort Dzira pour être torturés puis assassinés.

               Lors d'un contrôle de la police militaire, un jeune militant fut arrêté en plein centre-ville. Il fut embarqué dans un camion GMC. Sur la table de torture, alors que les ciseaux lui arrachaient la peau, il criait comme un fou à qui pouvait l’entendre. Sa figure était complètement écrasée par les coups de poing, son sang coulait sur la dalle. Ses yeux gonflés restaient fixés sur la manivelle du poste radio pour la séance de l’électricité. Son cœur battait très fort alors que les tortionnaires reprenaient leur souffle. Il finit par avouer : un plan avait ressurgi dans sa tête pour sauver sa vie et pour ne pas dénoncer ses amis militants. Il balança un ancien combattant de la grande guerre de 14/18. Ils ne pourraient rien contre lui. Il est plein de décorations, du moins l’espérait-il. Devant le sergent Torres, il dit en tremblant : « Les armes sont cachées chez Abdel Jebbar, au centre-ville ! »« Mais qui est Abdel Jebbar ? » Ragea le tortionnaire. Il lui donna son adresse, tout en bégayant, la peur au ventre.          

                  Le lendemain, à l’aube, les bérets rouges, ayant à leur tête le colonel de Seze, pénétraient dans la maison de l’ancien combattant des tranchées que les bombardements avaient fait perdre les deux jambes et trois doigts de la main gauche. Les militaires fouillaient la maison de fond en comble sans rien trouver. Dans le salon était accroché au mur, un tableau des décorations honorifiques. Le colonel tressaillit, perplexe. Il lut à haute voix aux soldats : « Officier de la Légion d’honneur, Médaille militaire, Croix de guerre, Médaille de Verdun, Croix des combattants volontaires ». Etonné, il demanda gentiment à quel titre elles furent décernées. Le grand mutilé leur fit le récit : « Durant la Première Guerre mondiale, on était engagé pour aller aider l’armée française, en vue de repousser les Allemands qui venaient de franchir la frontière. Début février, et à la célèbre bataille de Verdun, notre commandant nous a donné l’ordre de passer à l’offensive. Les obus de l’ennemi détruisaient tout un village, sous nos yeux. Près d’une maison en ruine, j’ai aperçu un bébé qui pleurait près de sa mère, tuée par les bombardements. Terrifié par l’horreur, je pris l’enfant, et le mis dans ma musette et courus vers mes camarades de combat qui avançaient vers l’ennemi. Le clairon sonna la charge pour une pause. Profitant de ce répit, et discrètement, je me rendis auprès des services de la santé qui se trouvaient à plus d’un kilomètre de notre campement. Après avoir embrassé le bébé bien affectueusement, comme s’il était mon fils, je l’ai déposé entre les bras d’une sœur blanche, infirmière, qui demeura stupéfaite mais attendrie…Puis, il fixa sévèrement l’officier et prononça ces mots :

- Vous qui m’humiliez, aujourd’hui, vous êtes peut-être le bébé du passé dont j’ai sauvé la vie, lorsque j’étais soldat aux premières lignes pour sauver votre pays, la France, contre l’envahisseur allemand.

                 Après avoir bien remarqué le bouton très visible de la Légion d’honneur épinglé sur le burnous que portait ce héros-combattant, l’officier supérieur se contenta de s’excuser en disant tout simplement : « Désolé, cher monsieur. Nous ! On fait notre boulot, sans plus. » Finalement, les paras quittèrent les lieux en le laissant debout, tout en s’appuyant sur ses deux béquilles.

                De retour à la garnison, l'officier supérieur ordonna la libération du jeune militant, qui se trouvait dans un état très critique. Le sang n'arrêtait pas de couler, il fut conduit à l'infirmerie pour les soins. Quelques jours plus tard, il fut libéré. Les militants FLN saluèrent le courage du détenu mais aussi le combattant de Verdun pour la raclée psychologique qu’il avait infligée au colonel et à sa suite.  Gloire à nos martyrs ! 

Pour la mémoire. 

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