LES SECRETS DU SUD-HOTEL - AIN-SEFRA CAPITALE DES MONTS DES KSOUR

AFFAIRE SŒUR CATHERINE- ZAID BOUFELDJA

Durant l’année mil neuf cent quarante-neuf, une histoire véridique a bouleversé la congrégation des Sœurs Blanches d’Alger, l’Evêque du Sahara, l’Administrateur et le Général Commandant en chef du territoire d’Aïn-Sefra. Un amour jugé impossible a poussé Monseigneur Mercier dont dépendait la communauté des Pères Blancs et des Sœurs Blanches à se rendre à Alger pour une entrevue « laborieuse » avec le Gouverneur Général de l’Algérie, Monsieur Naegelen.

Les chambres du Sud Hôtel étaient réservées à quelques journalistes venus s’informer sur l’affaire qui a secouée l’Eglise catholique.

Zaïd Boufeldja explique clairement dans son livre qu’ils sont victimes d’un drame. Il écrivait : « C’est une histoire vécue, une aventure malheureuse… elle concerne une religieuse des Sœurs Blanches en mission dans le Sahara qui avait secrètement quitté le Sud-oranais pour pouvoir se marier officiellement avec un habitant de la région en espérant obtenir le consentement de ses parents se trouvant en France. Quoique secrètement, elle ne quitta Aïn-Sefra qu’après avoir été unie légalement selon les traditions locales afin d’éviter d’être dénigrée après son départ.

« En arrivant en France, suivi partout et à son insu, le couple était devenu la proie livrée à tous les éléments en furie à partir d’Alger. Pour s’emparer définitivement de la jeune femme, on organisa simplement un enlèvement en plein jour à Paris en juillet 1949…C’est la crainte qu’une ex-religieuse épouse quelqu’un de confession musulmane »…La phase la plus sinistre de l’Odyssée de la Religieuse se trouve dans son dénouement après les mystères qui entourèrent sa disparition. Ce fut d’abord une sorte de cruelle tragédie derrière les rideaux d’une scène que les spectateurs n’apprendront jamais… Des indices qui confirment qu’après son enlèvement la « disparue » fut transportée secrètement vers un centre du Continent de l’Afrique…Elle est placée dans une léproserie du Congo où sont isolés ceux qui sont affligés de maladies contagieuses. Elle y passa plus de vingt années à soigner des lépreux à travers des jours que l’on devine, traînant la lente agonie des lendemains sans espoirs ».

Bruckberger, Révérend Père Raymond, une fois chassé de la caserne de la Légion étrangère où il avait séjourné longtemps, trouva le gite au Sud Hôtel avant de quitter la ville définitivement, le cœur rempli de remords. Dans son livre« Le Bachaga », il écrit à la quatrième couverture au sujet du couple « Catherine-Zaïd Boufeldja » : « Quand j’ai remis ce récit à mon éditeur, celui-ci après l’avoir lu m’a dit : « C’est une histoire folle ! Une histoire vraiment folle ! ». Cette histoire folle je l’ai vécue, et cela se passait en des temps très lointains, puisqu’il y a maintenant plus de trente ans et que le Sahara était française. J’y étais l’hôte de la Légion étrangère. J’y ai découvert que le mythe de l’Atlantide de Pierre Benoit est totalement faux. Il n’est pas besoin d’une femme exceptionnellement belle pour que le Sahara soit à feu et à sang sous le ciel incandescent empli d’orages magnétiques qui mettent les nerfs à fleur de peau, la moindre maladresse, peut provoquer des explosions en chaîne. C’est pourquoi, je n’y fus pas supporté et que, aussi vaste que soit ce territoire immense, j’en fus expulsé, au bout de vingt mois. Je m’y étais fait pourtant quelques amis : les Sœurs Blanches, les légionnaires, et ce grand seigneur musulman, chef à la fois religieux et politique du Sahara Occidental, qu’on appelait « Le Bachaga », image fascinante de ce qu’est l’Islam civilisé et même raffiné. Ce temps était pour moi un temps de retraite et d’exil. Ce fut aussi le temps trouble d’un affrontement : l’affrontement de l’angoisse à l’intérieur de moi, l’affrontement de deux camps autour d’un couple fugitif et scandaleux, que je n’ai jamais rencontré et dont on peut se demander s’il n’était pas imaginaire. Une histoire folle en effet, un jeu périlleux et sans merci où chacun essaie de deviner qui est qui.

                                                                               B. BELLAREDJ.