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HISTOIRE DES FRERES MOULAY

HISTOIRE DES FRERES MOULAY
HISTOIRE DES FRERES MOULAY

 

HISTOIRE DES FRERES MOULAY

 

Le commandant de la Légion étrangère a été assassiné dans la région d’Aïn-Sefra (Territoire du Sud) durant l’été de l’année 1946. Cette affaire criminelle attira l’intention des journalistes venus d’Alger et d’Oran. Le Sud Hôtel affichait complet. Que s’est-il vraiment passé ? S’interrogeaient-ils.

           « Après la Seconde Guerre mondiale, les membres du parti MTLD, réclamèrent l’indépendance de l’Algérie et la libération de Messali Hadj. Des milliers d’Algériens moururent à Sétif, Guelma, Kherrata… un 8 mai 1945. Après ces massacres, le commandant Ardassenov, et le lieutenant Von Borowski alias Bergeret furent mutés à Aïn-Sefra par mesure disciplinaire. Ils étaient responsables avec leur compagnie de légionnaires, la 2eme CSPL, de plusieurs morts, notamment à Kherrata. Parmi les soldats, certains d’entre eux avaient emporté des bijoux en or et en argent et des robes de femmes Chaoui qu’ils remettaient à la juive Semha pour les revendre aux nomades à leur profit. Les militants de la cellule MTLD avaient cotisé pour acheter tous les objets ramenés de l’est. Ils les avaient distribués aux familles pauvres de la ville. Cet officier supérieur avait pris son service avec une autorité qui ne fit pas beaucoup plaisir ni aux civils ni aux militaires. L’officier était un coureur de jupons qui ne reculait devant rien et eut plusieurs maîtresses. Le mardi 27 août 1946, il fut tué, alors qu’il était en compagnie de la belle femme de l’administrateur Muselli dont il était l’amant, et du lieutenant Bergeret qui conduisait la jeep. Ils devraient rejoindre leurs amis qui les attendaient pour le week-end à la station thermale d’Aïn-Ouarka. Une grande partie de chasse était prévue dans les montagnes de cette oasis. En s’éloignant de quelques kilomètres de la ville, au lieu-dit « M’hisserat », ils ont aperçu deux nomades chasseurs qui portaient un gros gibier. Dans cette région, les Arabes ne vivaient que de la chasse et approvisionnaient le village nègre en viande de gibier. La jeep s’écarta de la route et s’engagea sur une piste. Elle les poursuivit en essayant de leur barrer le chemin, tandis que le commandant sortit son révolver, tel un cowboy, cria en direction des chasseurs pour qu’ils s’arrêtent mais ils continuaient à s’enfuir vers la montagne, conscients du délit qu’ils commettaient puisque la chasse était interdite pour les indigènes. C’est à ce moment-là que l’officier montrant son courage et son adresse à sa belle, tira à plusieurs reprises comme sur des indiens. Une balle atteignit l’un des chasseurs qui tomba à terre. En voyant son frère blessé, il riposta après avoir ajusté son fusil, une carabine Stati de marque italienne et tira sur le militaire qui s’affaissa aussitôt du côté de la dame, qui affolée, faillit tomber du véhicule. La balle l’avait atteint au niveau du cœur. Le lieutenant fut contraint de rebrousser chemin pour emmener son compagnon à l’hôpital. A la salle d’opération, le médecin capitaine Ricault, après consultation, affirmait qu’il a tout juste deux heures à vivre. A vingt et une heure, il rendit l’âme. A Aïn-Ouarka, l’armée française encercla les tentes et obligea, hommes, femmes et enfants à sortir les mains sur la tête. Ils restèrent ainsi jusqu’à l’aube. Les militaires attendaient les ordres pour les fusiller. Il restait dans cette position, jusqu’à l’arrivée du bachagha Si Khelladi, de l’administrateur et des gendarmes. Il fallait livrer les assassins, sinon l’armée choisirait trois jeunes hommes de chaque tribu pour les exécuter. Pour ne pas avoir dans la conscience la mort d’innocents, Si Moulay Chérif livra ses deux cousins. Le blessé fut conduit à l’hôpital militaire pour être soigné. Deux mois plus tard, ils étaient transférés à Mascara pour être jugés. Durant le procès et grâce à l’intervention du bachagha Si Khelladi, du représentant des Secours populaires M. George Raffini (1), l'écrivain Chami Ahmed dit Tarik, le responsable du MTLD (cellule Aïn-Sefra) (2) et avec de bons avocats parisiens dont l'avocat communiste Maître Candas, ils y échappèrent à la peine capitale. Le seul mobile, c’est que l’officier supérieur était en civil au moment des faits. Il portait une chemise blanche et était accompagné d’une jeune femme. Tout le monde défendait la thèse de la légitime défense face au soudard.

 D’après la lettre « Confidentiel » du 30 octobre 1952 ayant pour objet : Arrestation agent de liaison MTLD – Affaire Moulay –:

Le premier, Moulay Tahar, a été condamné à 5 ans de prison a été libéré en 1950, n’es plus revenu dans le pays et n’a jamais donné signe de vie à sa famille.

Le second, Moulay Abdelkader, a été condamné à 10 ans, est déclaré décédé le 2 mars 1952.

Un certain Ali Ben Salah, de la tribu des Chamba de Timimoun, condamné à plusieurs années de prison pour vole, ayant été libéré en juin dernier, est passé à Aïn-Sefra où il a déclaré publiquement que Moulay avait été son compagnon de geôle et n’était pas mort.

Ces déclarations ont suscité une véritable émotion dans la famille des Moulay dont les représentants n’ont alors fait part de leur intention de se rendre à Alger, à la source même des renseignements.

Par la suite, les Moulay ne se sont pas rendu à Maison Carrée, mais ont jugé plus prudent de faire agir leurs relations avec le MTLD.

En effet, tous sont connus pour leur sympathie envers ce mouvement dont ils ont été les délégués aux élections du 17 juin 1951.

Ce sont :

Moulay Chérif Ould Ahmed

Moulay Bachir Ould Mohamed

Moulay Habib Bel Hachemi

Tous cousins des deux inculpés.

1) M. Raffarin a rejoint le maquis en 1956 et il est mort dans une embuscade pour l'indépendance de l'Algérie.

2) M. Chami Ahmed : Officier ALN. Consul d'Algérie en France et au Maroc.

Référence :

  • Lettre « Confidentiel » du 30 octobre 1952 – Général Commandant Militaire du Territoire d’Aïn-Sefra (Affaires Sahariennes)- Colomb-Bechar –
  • Témoignages de militants PPA/MTLD-AIN-SEFRA.
  • Voir aussi :
  • L’Odyssée d’une Religieuse au Sahara – Zaïd Boufeldja – P.169/170- E.DAHLEB- Alger-1993.
  • Récits, Images et Témoignages –1930-2001- Abdeljebar Mohammed Dit Hamou – P. 97-ED.2001-

                                  

                                                                                                                                B. BELLAREDJ

 

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