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Littérature : Hommage à Isabelle Eberhardt à Aïn Sefra

Coïncidant avec le 109e anniversaire de sa disparition, l’Association des amis d’Isabelle Eberhardt, en collaboration avec l’association culturelle Safia-Kettou, ont organisé, dimanche dernier au centre culturel d’Aïn Sefra, dans la wilaya de Naâma, une rencontre-débat entièrement consacrée au parcours et à l’œuvre d’Isabelle Eberhardt. Animé par des écrivains et universitaires, l’événement, qui avait pour objectif de mettre en avant certains aspects peu connus de l’auteur d’origine russe, a été l’occasion pour revenir sur ses écrits et récits de voyages, tous considérés comme des descriptions uniques de la société algérienne de l’époque. Présenté par Belaâradj Boudaoud, professeur écrivain..., comme faisant partie intégrante de la mémoire de l’Algérie, il a appuyé son hommage en soulignant (rapporte l’APS) qu’elle avait « appris le Saint Coran et la langue arabe, s’est convertie à l’Islam, s’est intégrée dans la société et a défendu les résistances populaires contre le colonialisme français ». Personnage au parcours hors du commun, Isabelle Eberhardt est née en 1877 dans une famille d’aristocrates russes exilée à Genève. Très tôt confrontée à une enfance difficile, marquée par la toxicomanie et l’alcoolisme de ses frères, le milieu relativement cultivé dans lequel elle a grandi lui a néanmoins permis d’apprendre et de pratiquer plusieurs langues étrangères. Initié aux sciences et aux arts par son père adoptif, Alexandre Trophimovsky, par ailleurs, très proche des courants anarchistes, elle découvrit l’Algérie pour la première fois grâce par à ses demi-frères engagés dans l’armé française. Profondément marquée, elle produit dès l’âge de 18 ans des textes sur le pays et la culture qu’elle adoptera quelques années plus tard. Mais ce n’est qu’en 1897 qu’elle s’installera avec sa mère à Annaba (appelée à l’époque Bône). Délaissant les quartiers européens, elle se mêlera petit à petit aux « indigènes », à tel point qu’elle se convertira à l’Islam et intégrera la zaouïa de Kenadsa, où elle sera initiée au soufisme. Mais sa conversion eut également pour conséquence, après la mort de sa mère, de lui faire abandonner le mode de vie occidental. Vêtue d’habits d’homme et se faisant appeler Mahmoud Saâdi, elle choisit de mener une vie de nomade, explorant le sud de Constantine puis les étendues désertiques du Sahara. Son parcours, fait de rencontres, de réflexions, mais aussi de dangers, donnera naissance à certains de ses récits les plus marquants, à l’image de Yasmina ou Au pays des sables. Particulièrement riche en rebondissements, sa vie prendra encore un nouveau tournant après sa rencontre avec son futur époux, Slimène Ehnni, soldat «indigène» de l’armée coloniale. Le pouvoir colonial leur refusera pourtant le mariage civil et contraindra Isabelle Eberhardt à l’exil. Contournant la décision, elle demandera la nationalité française, grâce à laquelle elle put en 1902 rentrer en Algérie, où elle deviendra collaboratrice au journal l’Akhbar dirigé par Victor Barrucand. Disparue en octobre 1904 à l’âge de 27 ans dans l’effondrement de sa maison d’Aïn Sefra suite à une inondation, elle aura signé durant sa courte vie de nombreux textes et ouvrages. Largement abordés par les conférenciers, ils ont, entre autres, souligné ses descriptions des tribus algériennes, son témoignage sur les massacres commis par les forces coloniales sous le commandement du général français Lyautey, mais aussi sa défense au travers de ses correspondances et écrits journalistiques des valeurs arabo-amazighes, et de la résistance populaire face à l’occupant, notamment celle conduite par cheikh Bouâmama.

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